La Fabrique bistrot: Où l'érable est a son meilleur.
Publié le 9 Avril 2018
L'homme s'appelle Jean-Baptiste Marchand et cuisine le sirop d'érable comme pas un. Il est né au Québec dans une autre vie, c'est sûr.
Dans celle-ci, il est plutôt né en France, à Sète près de Montpellier, pour ensuite commencer sa carrière à Paris chez Christian Constant et Alain Ducasse notamment, et ensuite venir cuisiner à Montréal. On l'a vu à ses tout débuts ici travailler avec le chef Laurent Godbout. Mais il dirige depuis 2008 les fourneaux du bistro La Fabrique, rue Saint-Denis, le meilleur endroit pour goûter l'érable à longueur d'année, telle une cabane à sucre qui s'ignore.
Sans le savoir, je me suis retrouvée à cette sympathique adresse en face du square Saint-Louis le jour de sa réouverture, après deux mois de transformation. Deux mois pour redéployer les activités de l'équipe dans ce qui s'appelait autrefois Chambre à part.
La configuration de l'espace est donc différente de celle de l'ancienne Fabrique. La cuisine n'est plus ouverte. La dynamique est plus classique. L'aménagement a quelque chose de plus doux qu'avant.
Dans l'assiette, cependant, les saveurs sont les mêmes. C'est riche, profond, avec beaucoup de goûts différents, d'ingrédients qui se complètent, s'entrechoquent élégamment, mais simplement. On voit ici une belle présence d'acidité comme dans les entrées traditionnelles rustiques françaises, là une pointe de parfums asiatiques pour répondre peut-être à toute la clientèle du quartier, végé ou pas, en quête d'options légumières, légères. Mais la tendance de fond costaude, riche, est toujours présente. Et elle est parfaite pour le temps des sucres.
Il y a même un gros pot de cornichons sucrés-salés, faits maison, déposé sur la table, un peu comme à la cabane.
Dès lors, on se met dans cet esprit et on plonge, par exemple, dans une soupe aux pois coiffée de crème et de sucre d'érable qui résume à elle seule tout ce qu'on aime de la cuisine traditionnelle québécoise. Crémeuse, robuste, profondément savoureuse grâce au lard fumé, joliment ponctuée par la légère onctuosité de la crème. Soutenant et réjouissant.
Pour une option plus inusitée, on prend la salade de pommes de terre ratte, avec maquereau mariné, oeuf cuit à 67 degrés, pain noir, trévise - cette salade rouge aussi appelée radicchio - et tomme des Demoiselles.
Là, les papilles s'en donnent à coeur joie entre l'acidité du poisson et l'amertume fraîche de la salade, le moelleux de l'oeuf et le croquant du pain noir, le gras du fromage et la douceur des tubercules.